Le concours du Grand Prix National de l’Ingénierie (GPNI)* récompense, depuis 2006, les ingénieur(e)s qui conçoivent des solutions innovantes pour répondre aux défis de demain.  Cette année, le concours met à l’honneur une candidature commune ingénieurs (SETEC) / architectes (RPBW) en attribuant le GPNI au Tribunal de Paris.  Il s’agit d’une nouvelle récompense prestigieuse pour SETEC qui avait déjà été lauréat du GPNI en 2012, avec la Fondation Louis Vuitton pour la Création.

 

Tribunal de Paris

 

De conception technique innovante, associée à un geste urbain fort, ce bâtiment exemplaire en termes de développement durable conjugue efficacité et performances. Classé équipement public d’importance vitale, l’édifice a soulevé des enjeux techniques d’une extrême complexité, auxquels setec a su répondre en assurant une continuité de service impérieuse. Symbole d’une Justice à la fois transparente, ordonnée et sobre, ce nouveau bâtiment répond à de nombreux enjeux, à la fois urbains, sociétaux, énergétiques et environnementaux, mais aussi de continuité de service.

Cette candidature commune ingénieurs/architectes au Grand Prix National de l’Ingénierie s’est présentée naturellement du fait de la complexité technique du projet, totalement intégrée à l’architecture, fruit d’une symbiose entre architectes et ingénieurs.

 

Une candidature commune ingénieurs / architectes récompensée

 


Le projet du Tribunal de Paris a débuté en août 2010, avec la signature d’un contrat de Partenariat Public Privé (PPP) entre l’Etablissement Public du Palais de Justice de Paris et Arelia. La maîtrise d’œuvre a été confiée par Bouygues Bâtiment Ile-de-France, en charge de la conception et de la réalisation, au groupement constitué par Renzo Piano Building Workshop (RPBW) architecte mandataire, accompagné des ingénieries setec tpi et setec bâtiment, en charge respectivement de la structure et des corps d’états techniques ainsi que de la performance environnementale.

 

Une conception technique innovante associée à un geste urbain fort

 


Du fait de sa localisation, la qualité de l’intégration du bâtiment est décisive dans l’orientation de la politique urbaine du Paris futur. Le Tribunal de Paris tisse un lien fort entre Paris et sa banlieue. De ce geste urbain fort découle un bâtiment extrêmement long horizontalement (170m de long) et un élancement vertical exceptionnel de 1/17ème : pour une hauteur de 160m de haut, le bâtiment ne mesure que 22m de large, avec un noyau de 9.45 m de large seulement. La faisabilité technique d’un tel « bâtiment-tranche » a été rendue possible grâce à une conception technique innovante et coordonnée (division en trois blocs verticaux par des joints de dilatation, élargissement des noyaux dans la partie basse pour retrouver de l’inertie) et des études de vent poussées (essais en soufflerie au CSTB, calculs dynamiques par pas de temps). D’autre part, l’invention de clés de cisaillement à trois niveaux a permis de garantir l’homogénéité des déplacements transversaux entre les trois blocs. Des planchers de reprise, en béton précontraint, permettent de créer trois « tailles de guêpes » et d’insérer les niveaux de jardin. Une étude poussée des fondations a permis de contrôler les déformations différentielles sous les trois noyaux de hauteur et de charges différentes.

Un bâtiment exemplaire en termes de développement durable

 


Voulu exemplaire en termes de développement durable, le projet a pour ambition d’optimiser les qualités intrinsèques du bâtiment en recherchant un optimum entre les coûts d’exploitation, les consommations énergétiques et le confort des usagers et utilisateurs.

    • Un bâtiment bioclimatique certifié HQE®

 

Le Tribunal de Paris s’inscrit dans le cadre des exigences importantes fixées pour la création de l’éco-quartier Clichy-Batignolles. Dans cette perspective, les enjeux du développement durable ont été intégrés dès l’origine du projet, permettant de conjuguer geste architectural, confort des utilisateurs et haute performance énergétique. Le recours à la ventilation naturelle dans la salle des pas perdus, à une façade cristalline performante pour maximiser l’éclairage naturel tout en protégeant du rayonnement solaire sont quelques-unes des réponses apportées par cette architecture bioclimatique.

    • Des panneaux photovoltaïques intégrés à la façade IGH : une 1ère en France

 

Véritable signature du bâtiment, les panneaux photovoltaïques font partie intégrante de l’architecture de la façade de l’IGH, lui donnant une densité, une modénature. Leur positionnement et leur orientation ont été étudiés au regard de leur production électrique et du potentiel calorifique qu’ils apportent à la façade.

 

Des exigences programmatiques fortes nécessitant des installations techniques efficaces et performantes

 


Classé équipement public d’importance vitale, l’édifice a soulevé des enjeux techniques d’une extrême complexité, auxquels setec a su répondre en assurant une continuité de service impérieuse. 

    • Une ventilation centralisée digne d’un bâtiment industriel

 

Deux centrales de traitement d’air (CTA) maçonnées, composées chacune de 6 ventilateurs dont 2 en redondance, délivrant un total de 400 000 m3/h, ont été créées pour répondre aux besoins en ventilation du ministère de la justice. Véritable cathédrale de plus de 50 m² de section frontale chacune pour une longueur dépassant les 15m, ces CTA ultra sécurisées permettent de réduire les emprises techniques, de maîtriser le budget et de garantir en permanence la disponibilité de la totalité de la ventilation.

    • Sécurisation des installations 

 

Le fonctionnement de la justice est permanent et le niveau de sécurisation des installations techniques du Palais de Justice doit être particulièrement élevé. La production frigorifique est réalisée par 6 groupes froid dont 2 en redondance, répartis dans 3 locaux techniques différents assurant ainsi une continuité de fonctionnement même en cas de perte d’un local de production. L’eau glacée est distribuée dans l’ensemble du palais de justice par 2 réseaux primaires 100% redondant. Les équipements de ventilation des locaux sensibles sont redondants pour assurer une continuité de service en cas de défaut d’une CTA. Le comportement des installations est analysé en permanence par une GTB ultra complète traitant plus de 100 000 points. Cette supervision est capable d’assurer automatiquement le secours d’installations en défaut suivant des scénarii prédéfinis. Elle est également un outil d’anticipation d’anomalies, de diagnostic et d’aide à la décision efficace laissant la possibilité à l’exploitant de piloter manuellement l’installation.

Un usage intégré du BIM

 


Avant même le lancement de la mission numérique dans le bâtiment en 2014, et alors qu’aucune normalisation ni aucun guide méthodologique n’existaient encore, le groupement de projet a pris l’initiative dès 2011 de concevoir le Tribunal de Paris entièrement avec la maquette numérique sur Revit. Les architectes et les ingénieurs ont produit les documents graphiques, plans, axonométries, détails, mais aussi les métrés et quantitatifs à l’aide de la maquette. Des outils de dimensionnement des systèmes ont été spécifiquement développés pendant les études afin d’utiliser l’intégralité des informations présentes dans la base de données du modèle. La maquette numérique a également permis de réaliser la coordination et la présynthèse des différentes disciplines.

La première tour construite à l’intérieur de l’enceinte parisienne depuis la Tour Montparnasse en 1973

 


Haut de 160m, le Tribunal de Paris regroupe sur un site unique de la ZAC Clichy-Batignolles, le Tribunal de Grande Instance, actuellement situé sur l’île de la cité, les Tribunaux d’Instance implantés dans chacune des 20 mairies d’arrondissement de Paris et le Tribunal de Police siégeant dans le 19ème arrondissement, montrant ainsi l’unicité de la justice. 

Les chiffres clés

 


Ville à lui tout seul, le bâtiment compte 170 000 m² de surface bâtie (105 000m² de surface de plancher, 61 500m² de surface utile), 90 salles d’audience d’une capacité de 5 000 places, 3650 fonctionnaires de justice, 205 cellules de détention provisoire, et accueillera près de 9 000 visiteurs chaque jour. Découvrez le site internet dédié au projet, avec vidéos et descriptions téléchargeables dans la rubrique Enseignement / Université du site de setec tpi: http://www.tribunaldeparis.setec.fr

Les membres de l’équipe ayant remporté le prix

 


Pauline Bleicher, directeur de projets setec bâtiment Jean-Bernard Datry, directeur de projets setec tpi Martial Gajdosik, responsable de pôle CVCD setec bâtiment Audrey Zonco, responsable du projet de structure setec tpi Renzo Piano, architecte, fondateur et président de l’agence RPBW Bernard Plattner, architecte, partner à l’agence RPBW   Le groupement de maitrise d’œuvre du projet est constitué de RPBW, Setec bâtiment, Setec TPI, RFR, BERIM, MOVVEO, Majorelle, Ecotech et Lamoureux Acoustics.     *Le GPNI est conçu et réalisé par Syntec Ingénierie, la fédération professionnelle de l’ingénierie, en partenariat avec le ministère de la Transition écologique et solidaire; la Direction générale des entreprises (DGE) du ministère de l’Économie et des Finances, et en association avec le groupe Le Moniteur.