L’éolien en mer, relais de croissance pour les renouvelables ?
Relais de croissance et alternative à l’éolien à terre, le seul éolien en mer offre un potentiel considérable. Les spécialistes estiment qu’en 2050, il produira deux fois plus d’électricité que le nucléaire dans le monde. L’enjeu est stratégique pour la France qui souhaite rattraper son retard dans les énergies marines renouvelables et se rapprocher de son objectif de 23 % d’énergie renouvelable dans son mix énergétique en 2020.
Une éolienne en mer bénéficie de vents plus fréquents, plus forts et plus réguliers qu’à terre.
Flottante, elle présente l’avantage de s’affranchir des contraintes liées à la profondeur. L’Adème a lancé un appel à manifestations d’intérêt sur le sujet : deux zones d’éolien flottant ont été attribuées, dont l’une à Groix pour Eolfi sur laquelle setec travaille. « Aujourd’hui, seule une dizaine d’éoliennes flottantes est installée dans le monde et nos savoirs auront beaucoup de valeur à l’export », souligne Didier Grosdemange (setec in vivo).
Les questions soulevées portent aussi bien sur la quantité de productible que sur les contraintes en termes d’ancrage ou d’usage. La mer est un domaine public et de facto beaucoup d’acteurs sont concernés, d’autant que le milieu marin est dynamique et qu’il est difficile de limiter un projet à une zone précise. Enfin le milieu est contraignant, ne serait-ce que sur le plan météorologique, ce qui suppose des stratégies de mesure et d’analyse spécifiques. Les niveaux d’expertise sont pointus, comme le montre le projet RESIBAD pour REduction du Souffle en Immersion par Barrière Diphasique auquel participe setec. Son objectif est de développer une expertise et des outils pour caractériser et valider des dispositifs de réduction du bruit sous-marin généré lors d’opérations types, travaux maritimes, déminage, etc. Mené avec l’ENSTA Bretagne et Altran, il améliore déjà la compréhension des effets des rideaux de bulles sur la propagation des ondes sonores. C’est une étape importante dans la compréhension des mécanismes de réduction du bruit sous-marin, l’un des enjeux du développement de la filière de l’éolien en mer. setec travaille d’ailleurs déjà sur deux des quatre sites que l’État a attribué en 2012 : Courcelles-sur-mer avec EDF EN et Saint-Brieuc avec Iberdrola.
Enfin, au-delà de ces différentes études, setec développe son expertise en matière d’écoconception. « Sur une fondation d’éolienne en mer, un quai ou encore, pour évoquer un sujet d’actualité, sur le caisson d’appui de l’extension en mer de Monaco, nous allons essayer de donner une deuxième fonction d’intégration dans le milieu. L’enjeu est de favoriser la biodiversité en travaillant les formes pour créer des abris pour certaines espèces de poissons ou la rugosité des surfaces pour aider à sa colonisation par une faune fixée. Nous tentons de réduire l’impact de l’ouvrage voire d’en avoir un positif. C’est une nouvelle frontière pour nos métiers », conclut Didier Grosdemange.