La densification urbaine permet d’augmenter la rentabilité des services urbains (réseaux de transports, d’eau et d’assainissement) et d’accroitre la compétitivité des villes, mais la construction de structures neuves impose bien souvent la démolition d’ouvrages existants pour libérer de l’espace au sol, ou sinon d’artificialiser des sols qui ne le sont pas encore ; dans le cadre d’une économie circulaire, il est bien préférable de valoriser le bâti existant.
Dans le cas particulier des immeubles de grande hauteur (IGH) les volumes de béton à démolir puis à reconstruire sont vite considérables. Par exemple dans le cas d’un IGH de 40 étages et de 140 m de hauteur le volume total de béton rapporté à un mètre carré au sol représente l’équivalent de 20 m de béton plein ! A cette quantité de matière énorme correspond d’entrée de jeu un bilan très néfaste d’équivalent CO2 rapporté au mètre carré de plancher, d’autant plus important que pour un IGH la matière vient surtout des verticaux : la tour se porte elle-même.
Une démarche beaucoup plus éco-responsable consiste à réhabiliter l’existant et en particulier les tours de grande hauteur pour densifier.
Le retour d’expérience acquis par setec tpi montre qu’à l’opposé de la réalisation d’un ouvrage neuf, il faut être prêt à faire face à des incertitudes liées à la réhabilitation d’une structure qui a déjà eu une première vie, qui n’a pas été conçue pour une seconde vie et dont on ne maîtrise pas toujours bien la qualité de réalisation à l’époque de sa construction ; pour maîtriser ces incertitudes, setec tpi a mis en place un processus d’études dont les principales étapes sont les suivantes :
Ces étapes constituent la phase « diagnostic » des structures, indispensable pour appréhender tout projet de restructuration / réhabilitation.
Prise en compte des évolutions réglementaires : le projet initial a été conçu dans une cadre règlementaire qui a évolué, par exemple pour le béton :
Les justifications du projet réhabilité sont à faire, selon les demandes du Bureau de Contrôle, dans le cadre règlementaire en vigueur ; cela concerne à la fois les justifications structurelles et les actions appliquées.
Les calibrages des actions appliqués étaient bien souvent fait au plus juste il y a 50 ans, alors que les Maîtres d’Ouvrage demandent aujourd’hui plus de latitude dans les capacités portantes de leurs planchers.
Réutiliser une structure existante est plus compliqué, qu’étudier une structure neuve.
Ainsi, la réhabilitation d’un ouvrage pas forcément conçu pour être réhabilité nécessite de suivre une méthodologie précise et adaptée, que nous avons développée et consolidée sur nos différents projets et dons les principales étapes sont :
Particulièrement vertueuse en terme environnemental, la réhabilitation des IGH existants s’impose, et va continuer de s’imposer de plus en plus compte tenu des volumes de matière en jeu et de leur impact éventuel sur l’environnement en cas de démolition reconstruction.
Réutiliser une structure existante impose de remettre en cause le processus étude suivi usuellement pour un ouvrage neuf. Une parfaite connaissance de l’existant est un préalable absolument nécessaire pour réduire les incertitudes. Une fois levée les incertitudes, la connaissance de l’existant permet de réemployer au mieux en tirant parti de la règlementation.
Initiée au début des années 2 000 à travers la réhabilitation de la tour PB12, devenue Opus 12 et donc setec tpi avait réalisé les études d’exécution du gros œuvre, c’est désormais en tant que maître d’œuvre structure que setec tpi intervient sur ces projets, comme par exemple la tour Montparnasse à Paris, l’immeuble Lightwell ou les tours Ariane et Hopen à la Défense, ou encore les projets Aurore et Altiplano que nous proposons de vous vous faire découvrir ci-après.
Tour Aurore
Tour de première génération construite à La Défense au tout début des années 1970, la tour Aurore, haute de 90 m pour 27 étages de superstructures, est rénovée et surélevée de 6 étages pour atteindre une nouvelle hauteur de près de 120m au début des années 2020.
Le projet de rénovation a été imaginé par tous ses concepteurs pour être le plus vertueux possible en terme environnemental. Ainsi, le nombre d’étages ajoutés est le nombre maximal possible sans avoir à renforcer les structures porteuses (poteaux de façades, voiles du noyau central) de l’immeuble existant : seul le radier a finalement dû être renforcé.
Selon une estimation du bureau d’études environnemental du projet, cette rénovation respectueuse de l’existant a permis, par rapport à une démolition / reconstruction, d’économiser l’équivalent de près de 50 années de la consommation d’un IGH de cette taille : la nouvelle vie d’Aurore se fera donc à bilan carbone nul !
Altiplano
Compte tenu de sa hauteur limitée, le projet PB10 ne rentre pas dans la catégorie des IGH, mais est un immeuble Code du travail, cependant d’une ampleur particulière : le projet affiche près de 60 000 m² de plancher.
Le projet consiste en la restructuration complète de l’immeuble PB10, situé à la Défense, ainsi que de sa surélévation de deux à huit niveaux en superstructures selon les ailes. Construit au début des années 80, PB10, d’une surface d’un peu moins de 40 000 m² pour six niveaux vient se percher sur le parking aérien Villon lui-même réparti sur six étages via une structure de transfert.
Rebaptisé « Altiplano » et surélevé de 2 étages, le bâtiment compte désormais près de 60 000 m² de plancher.