Comment le BIM transforme la conception de nos projets ?
En quelques années, le BIM a complètement modifié nos usages. Parmi les pionniers de la démarche, le groupe structure aujourd’hui son offre avec le BIM linéaire et le développement de véritables « jumeaux numériques » qui pourront être utilisés sur tout le cycle de vie du projet, en amont de la conception à la construction, et tout au long de sa maintenance. Pour comprendre la spécificité et l’envergure de l’approche BIM dans le groupe setec, nous avons rencontré plusieurs acteurs de cette démarche.
BIM management
Assurer la coordination de tous les acteurs durant les projets et une meilleure qualité de livrable.
Guillaume Hervoches, et Nicolas Horsin, tous deux BIM managers et responsables du service BIM chez setec tpi, sont respectivement en charge de la ligne 15 sud et de la ligne 15 ouest du Grand Paris Express. Ils développent également de nouvelles solutions et une offre de service spécifique BIM dédiée aux MOAs.
« Nous avons eu l’idée de créer un service qui regrouperait l’ensemble des compétences des experts BIM chez setec tpi et qui nous permettrait de généraliser nos méthodologies sur l’ensemble de nos opérations. Nous voulions rationaliser notre démarche et aller plus vite, grâce à l’élaboration de documents types et l’homogénéisation des pratiques. Et ce afin de gagner en compétences et en qualité également. Ce nouveau service dédié au BIM a donc été créé en juin 2018. Il est axé autour de deux grandes missions :
- Le service support sur les opérations, qui regroupe toutes nos missions de BIM management et sur lesquelles nous mettons en œuvre tous nos process, comme sur la ligne 15 du Grand Paris ou les ouvrages de franchissement de la LGV, du futur terminal T4…
- Une mission de conseil à la maîtrise d’ouvrage sur leurs sujets BIM et également sur des missions de rétro-conception, pour des projets à remodéliser, par exemple.
Ce fonctionnement nous permet d’assurer un excellent niveau de qualité de nos livrables en phase conception et une meilleure collaboration entre tous les acteurs du projet. Dans les process du BIM, nous assurons une coordination des acteurs beaucoup plus en amont, dès l’avant-projet, et avec l’appui d’outils de synthèse et de méthode de résolution des conflits bien plus performantes. En tant qu’experts BIM, nous sommes garants du niveau d’exigence de la maquette numérique et des livrables. Cela permet de gagner du temps en phase d’exécution. Nous avons remporté notre première mission de rétro-conception, en décembre dernier, sur un terrain d’aménagement pour le Conseil Départemental de l’Hérault, pour lequel on nous a demandé de remodéliser l’ensemble des ouvrages afin de pouvoir gérer les données en phase exploitation-maintenance. Le BIM peut être utilisé sur tout type d’ouvrage, y compris sur des projets d’aménagement urbain. Il ne faut pas confondre le BIM et la 3D, ce qui est important dans le BIM, c’est l’information qui est rattachée aux objets modélisés, la façon dont cette donnée peut être exploitée, en quoi elle nous sera utile. Nous aidons les maîtres d’ouvrage à définir les données qui leur seront utiles, pour faire des économies d’énergie par exemple. Par ailleurs, le management d’opérations et le management BIM sont indissociables, puisque le livrable de l’étude est en BIM, ce qui nous permet, en tant que BIM managers dans le groupe setec de ne pas dissocier notre mission BIM des services d’ingénierie. Le BIM est en constante évolution, nous innovons constamment. Aujourd’hui, nous réfléchissons à intégrer les données du cycle de vie d’un ouvrage dans les données BIM »
« Ce qui est important dans le BIM, c’est l’information qui est rattachée aux objets modélisés, la façon dont cette donnée peut être exploitée, en quoi elle nous sera utile. Nous aidons les maîtres d’ouvrage à définir les données qui leur seront utiles, pour faire des économies d’énergie par exemple », rajoute Nicolas Horsin, de chez setec tpi.
Ferroviaire
Centraliser toutes les données et informations, dans un jumeau numérique intelligent : une spécificité setec
« Nous sommes pionniers dans la conception full BIM des équipements ferroviaires, et notamment de l’automatisation des études de caténaire et de signalisation. C’est une démarche récente dans le ferroviaire, qui a d’abord vu la modélisation des gares avant de s’intéresser à la voie ferrée plus complexe qui, par nature, est linéaire et doit être géoréférencée. Aujourd’hui, nous sommes capables de faire du linéaire totalement en BIM, en créant un véritable « jumeau numérique » multimétiers, … Pour y parvenir, nous avons réuni des profils très complémentaires et développons tous nos outils en interne », expliquent Alan Brook Diaz (développeur BIM) et Ghislain Motillon (spécialiste caténaire, géoréférencement et modélisation 3D) de l’équipe BIM setec ferroviaire. Avec eux depuis deux ans, Eric Lothe s’épanouit en tant que graphiste 3D et vidéaste. « Je récupère les maquettes de tous les métiers, je peux en faire des films, des maquettes virtuelles. Tout cela est très nouveau dans le domaine ferroviaire, les possibilités sont infinies », souligne-t-il. « Nous pouvons réaliser des maquettes intégrant tous les corps de métiers avec toutes leurs interactions, ce qui était impossible avant. Nous obtenons finalement une base de données qui centralise toutes les informations le concernant. Cette démarche est totalement innovante dans le domaine ferroviaire : nous faisons une véritable conception BIM et plus seulement du contrôle. Nos objets BIM calculent tous les paramètres et dimensions automatiquement à partir des données d’entrée, cette intelligence attribuée aux objets permettant de créer des familles et d’éviter les erreurs ».
« Nous pouvons réaliser des maquettes intégrant tous les corps de métiers avec toutes leurs interactions, ce qui était impossible avant. Nous obtenons finalement une base de données qui centralise toutes les informations le concernant » rajoute Eric Lothe, de chez setec ferroviaire.
Réduire la marge d’erreur dès la phase amont pour optimiser les coûts de construction. Les avantages de ces nouvelles méthodes transforment complètement nos usages et la valeur ajoutée que nous pouvons proposer à nos clients.
« En effet, nous pouvons nous servir des maquettes pour repérer par exemple les réseaux qui seraient au même endroit, les clash », explique Alan, « ce qui permet d’écarter à l’avance les problèmes que nous pourrions rencontrer en phase travaux. Nous pouvons également utiliser la réalité virtuelle pour de la formation, pour l’exploitant et le mainteneur. Ils pourront aussi utiliser la maquette pour la faire évoluer et gérer leur site. Nous sommes tout de suite immergés dans le projet, ce qui nous permet de prendre des décisions, par exemple en phase de maintenance, beaucoup plus facilement. » « Même si le coût de production en BIM est plus élevé, le client final va y gagner », explique Ghislain, « car dès la phase études, nous allons identifier tous les problèmes potentiels. Or nous avons la chance en interne de pouvoir disposer de tous les métiers du ferroviaire : voie, caténaire, signalisation, télécom, traction électrique… Nous maîtrisons ainsi de nombreuses compétences et nous pouvons les regrouper dans nos maquettes BIM pour proposer finalement une vision très réaliste par rapport au rendu final ». Une démarche particulièrement complexe dans le domaine du ferroviaire, car complètement intégrée au géoréférencement de chaque élément. « Ce qui fait notre force », selon Eric, « c’est que nous sommes tous ensemble, une dizaine de personnes, spécialistes de différents métiers et réussissons à les interfacer. C’est un travail collectif ». « Nos logiciels et outils sont en constante évolution pour réussir à obtenir un rendu final centralisé, souligne Alan, nous faisons du SIG au quotidien, nous intégrons toutes les données ». Les avantages de ces nouvelles méthodes sont nombreux. Toute modification est immédiate et facile à faire, elle se répercute automatiquement sur les autres corps de métiers. « C’est ce que nous avons fait pour le centre de maintenance de Mantes-la-Jolie, sur le projet Eole » poursuit Eric, « Nous avons fait jouer toutes les complémentarités des compétences dans le groupe sur ce projet. C’est un vrai travail collaboratif entre toutes les sociétés du groupe ».
Assistance à maîtrise d’ouvrage BIM
Se mobiliser pour conseiller les maîtres d’ouvrages et les aider à profiter du meilleur de ces nouvelles technologies
Membres d’un groupe de travail dédié au BIM chez setec organisation, Cara Benissan, chef de projet, et Aurore Dargent, référente BIM du Département Infrastructures, nous parlent des enjeux du BIM pour l’assistance à maîtrise d’ouvrage. « En tant qu’AMO, nos missions nous permettent d’intervenir sur l’ensemble des phases d’un projet BIM. En phase amont, une partie de nos missions consiste à sensibiliser les Maîtres d’Ouvrages sur ce qu’est le BIM, ses processus de travail et le rôle et la place de chacun des acteurs dans ce nouveau contexte. Cette phase d’accompagnement et de pédagogie est essentielle. D’ailleurs, les maîtres d’ouvrage sont en général curieux et assez réceptifs. Une fois la décision de réaliser un projet BIM prise, nous accompagnons les Maîtres d’ouvrages dans la définition de leurs objectifs BIM. Pour ce faire, nous les aidons notamment à définir leurs besoins et comprendre ce qu’ils peuvent ou ne peuvent pas faire avec le BIM. Le BIM offre une grande variété de possibilités, il est donc nécessaire de bien définir les attentes et de jalonner le chemin qui permettra d’atteindre les objectifs. Nous assistons également les Maîtres d’Ouvrages dans l’élaboration de leurs cahiers des charges BIM, à travers notamment la clarification des moyens nécessaires à la structuration de leur démarche BIM (usages et données d‘entrée), des propositions d’organisation interne, la définition des livrables attendus aux différentes phases, etc. En phase opérationnelle, nous les aidons à piloter l’avancement du projet BIM. Pour y parvenir, nous nous appuyons sur les documents marchés, notamment sur le contenu des conventions BIM produites par les MOE. Au-delà de l’outil, notre mission consiste à faire du BIM un vrai processus collaboratif, auquel le MOA participe sans pour autant s’immiscer dans le travail du MOE. Nous sollicitons bien sûr certaines filiales du groupe setec si besoin d’expertise technique. Notre objectif est ainsi d’accompagner au mieux les maîtres d’ouvrage dans la transition du BIM, afin de leur faire profiter du meilleur de ces nouvelles technologies. Dans le domaine des infrastructures, nous travaillons notamment sur le projet du Tram 13 phase 2, premier projet en BIM d’Ile-deFrance Mobilités. Côté bâtiments, nous travaillons par exemple sur le projet d’extension et de rénovation de la cité administrative de Miollis pour la Direction Régionale et Interdépartementale de l’Equipement et de l’Aménagement IdF »
« A l’avenir, nous pouvons aller vers une convergence encore plus grande entre la modélisation 3D d’un procédé industriel, la supervision, le contrôle commande des procédés et le BIM bâtiment, pour les regrouper sous une seule méthodologie globale. », rapporte Charles Cantogrel, responsable de l’établissement de Lille chez setec énergie environnement et référent expert pour les centres de tri et de valorisation matière de déchets.
Répondre aux besoins d’exploitation et de maintenance, optimiser les coûts de construction d’ouvrages linéaires, grâce au BIM
Un exemple à l’international, avec le projet HS2 (LGV Londres – Birmingham). Nous avons rencontré Justine Vassart, setec international, BIM manager pour le projet HS2 (LGV Londres – Birmingham). Elle évoque les caractéristiques du BIM sur ce projet d’infrastructure linéaire. « Le projet HS2 est un formidable terrain d’innovation pour le BIM linéaire. Il existe peu d’équivalent de projet d’infrastructure de cette échelle, conçu en processus « Full BIM ». Les exigences en termes de qualité BIM sont importantes, les méthodes ne sont jamais figées, les données que nous devons produire évoluent régulièrement et nous devons constamment nous réinventer. C’est un véritable challenge ! Sur HS2, chaque discipline produit une maquette BIM dont les propriétés sont ensuite injectées dans une base de données centralisée. Afin de pérenniser et de sécuriser les informations, un minimum d’attributs est conservé dans les maquettes 3D.
Les acteurs du projet peuvent ainsi exploiter les données dans l’environnement qui est le plus adapté à leurs besoins. HS2 a déjà développé un outil spécifique s’appuyant sur le BIM et le SIG qui servira de support pour l’exploitation et la maintenance de la ligne. Du côté du groupement de construction, un travail similaire a été effectué, avec des objectifs différents, puisqu’il s’agit pour EKFB de fiabiliser les volumes de matériaux et le coût du projet. Les objectifs de la phase d’étude à venir (Detail Design) pousseront l’utilisation du BIM vers de nouvelles fonctionnalités : optimisation des mouvements de terre, phasage de construction 4D. Pour les concepteurs Arcadis, setec, Cowi, la production BIM devrait être facilité en Detail Design puisque les attentes de chacun ont pu être précisé. L’enjeu de cette phase pour le groupement sera de faciliter la coordination des équipes et de détecter les clashs potentiels avant la phase de construction.
Faire converger le BIM Bâtiment et les procédés industriels 3D : une innovation setec et une véritable plus-value pour les maîtres d’ouvrage
Setec énergie environnement a été retenu pour la maîtrise d’œuvre générale d’un nouveau centre de tri de déchets ménagers de l’agglomération grenobloise, dans le cadre d’un groupement, dont Dalkia Wastenergy (filiale d’EDF) est mandataire, avec DHA Architectes, l’équipementier Bollegraaf et le groupe Artelia. Selon Charles Cantogrel, directeur de l’établissement de Lille et référent expert pour les centres de tri et de valorisation matière de déchets « avec une approche globale, permettant de concevoir le bâtiment et les process industriels dès la phase études, combinant les équipements complexes d’un centre de tri au BIM bâtiment, les équipes de setec énergie environnement ont réussi à faire part d’innovation. Ceci nous permet aujourd’hui de mettre en musique un projet à la fois bâtimentaire et industriel, dans une nouvelle solution globale. Cela nous permet aussi de définir les données pour le fonctionnement et l’exploitation de l’outil et ainsi d’avoir une approche intégrée conception – réalisation – exploitation. A l’avenir, nous pouvons aller vers une convergence encore plus grande entre la modélisation 3D d’un procédé industriel, la supervision, le contrôle commande des procédés et le BIM bâtiment, pour les regrouper sous une seule méthodologie globale. Nous pourrions ainsi proposer un seul modèle BIM de synthèse process et bâtiment, sur lequel nous pourrions intégrer la surcouche de data nécessaire au pilotage de l’unité industrielle.
Cela nous permettrait d’avoir un « hyperviseur » afin de piloter à la fois les procédés industriels et le bâtiment ensemble pour de véritables gains d’optimisation énergétique par exemple. La finalité d’un tel hyperviseur serait de créer un jumeau numérique de l’usine sur lequel nous pourrions expérimenter… ».
Interopérabilité BIM – SIG (Systèmes d’Information géographique) : transformer la conception des infrastructures vers plus d’efficacité
La fusion des données SIG et BIM permet d’introduire un élément géospatial dans la conception de nos projets. Une amélioration de l’interopérabilité entre les logiciels de maquette numérique et les logiciels géographiques rend ainsi la construction et les opérations plus efficaces et plus précises.
Jean-Christophe Ouaknine, ingénieur setec tpi, Romain Carton, ingénieur setec énergie environnement, Amanda Pierrot, ingénieur setec international et Pauline Réthoré, chargée d’opération, setec organisation, font partie d’un groupe de travail dédié au SIG. « Nous avons créé une cellule SIG au sein du groupe, pour mettre en commun nos compétences et nos outils, au sein de laquelle nous développons actuellement un démonstrateur », souligne Amanda.
« Nous sentons aujourd’hui, notamment chez les grands éditeurs de SIG une convergence vers le BIM pour une interopérabilité entre les sciences de SIG, qui servent plutôt la contextualisation, et le BIM, qui est à l’échelle du bâtiment. L’association des deux va permettre de placer ce bâtiment dans un environnement. Cela permet d’interagir entre les deux. Si l’on construit un hôpital par exemple, nous allons avoir la possibilité de comprendre ses interactions avec les réseaux de transport à proximité et calculer les impacts de la création de l’hôpital sur ce réseau… ».
« Esri et Autodesk, les deux grands logiciels SIG et BIM, collaborent depuis plusieurs années afin d’améliorer l’interopérabilité entre les logiciels de maquette numérique et les logiciels géographiques », explique Romain. « Ce partenariat a pour objectif de fournir une meilleure conception dans un contexte réel, rendant ainsi la construction et les opérations plus efficaces ».
« J’interviens principalement sur la partie voiries et réseaux divers », continue Jean-Christophe, « or les logiciels actuellement adaptés pour les bâtiments ne fonctionnent pas encore pour le BIM infrastructures. Sur le projet du SMR d’Aulnay par exemple, le site d’exploitation des futures lignes 16 et 17 du métro du Grand Paris, nous avons engagé une démarche BIM – SIG totalement innovante, avec beaucoup de recherche, qui s’est mise en pratique avec la rédaction de procédures et l’utilisation d’outils divers à la fois BIM et SIG, que nous avons interfacés. Il y a de grandes différences entre les deux univers et de véritables freins techniques, en BIM, les objets interagissent entre eux, avec les logiciels SIG, ils sont reliés à leur environnement. Ils sont donc complémentaires. Rendre compatibles les deux logiciels permet de bénéficier de toutes les informations. Pour le maître d’ouvrage, cela représente un véritable intérêt : en phase chantier, on peut dimensionner l’architecture réseaux et donc mieux maîtriser le projet, il est mieux conçu car on a pu identifier à l’avance les conflits entre réseaux. Par ailleurs, le propriétaire de l’ouvrage ainsi construit pourra bénéficier grâce à ces évolutions d’une parfaite connaissance de son patrimoine ».
Ces outils évoluent en permanence et nous nous formons continuellement », souligne Romain, « Nos métiers de projeteurs et de sigistes sont très différents, nous ne cherchons pas à les fusionner mais plutôt à les connecter. A l’avenir ils seront de plus en plus interconnectés ».
Cette interopérabilité se décline à des échelles et avec des outils variés, en fonction des projets et des besoins.
« Sur d’autres projets, nous nous positionnons plus en amont, à l’échelle de la ville ou du quartier, nous travaillons avec de nouveaux logiciels SIG permettant d’intégrer des maquettes BIM. Nous pourrions par exemple envisager d’intégrer les maquettes BIM de chaque maîtrise d’œuvre à l’échelle d’un quartier, à l’intérieur d’un logiciel de SIG 3D. Cela permettrait de centraliser les informations, de contextualiser les données et de visualiser le quartier, avec des liens vers les maquettes BIM, comme une porte d’accès vers les projets » explique Pauline.
« La synergie entre le BIM et le SIG est aujourd’hui extraordinaire, sur certains projets, nous commençons à pouvoir rentrer dans des niveaux de détails très pointus, que ce soit en termes de contextualisation ou de mutualisation des données. Nous sommes dans une complémentarité totale » ajoute Romain.
Exploitation – maintenance des bâtiments
Rendre le BIM utile pour l’exploitation
Selon Emmanuel Fruit, Directeur du département Praxice chez setec bâtiment, une entité dédiée à l’exploitation-maintenance et à l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments, « Le BIM fait collaborer différents corps de métier, des BIM managers, des ingénieurs de conception et des gestionnaires d’immobilier, qui doivent réussir à travailler ensemble pour faire remonter les informations et les données qui seront utiles sur l’ensemble du cycle de vie du bâtiment. Nous anticipons par exemple les éventuelles modifications d’équipements. C’est un changement complet dans l’approche de nos métiers. Nous sommes aujourd’hui en mesure de centraliser à distance l’ensemble du pilotage de l’exploitation du bâtiment, depuis sa conception jusqu’à sa déconstruction, et de connecter de nouveaux outils à notre maquette numérique, par exemple, les capteurs d’Advizeo, qui nous donneront des informations sur les consommations énergétiques du bâtiment. Un enjeu de taille, si l’on considère que la phase exploitation d’un bâtiment représente 75% de son coût global…
Le prochain enjeu pour setec ? Je pense que nous pourrions étendre cette démarche aux ouvrages linéaires, par exemple sur le Grand Paris ». Actuellement par exemple, Praxice accompagne Saint-Gobain, en tant qu’AMO pour la mise en place d’un BIM gestion – exploitation – maintenance pour leur nouvelle tour de la Défense : « Nous devons donc vérifier que la maquette numérique livrée par Generali pourra être utile dans la gestion de leur nouvelle tour de la Défense. Nous avons été choisis car nous sommes un acteur indépendant des gestionnaires et des constructeurs et aussi parce que nous avons participé à la réflexion sur la conception de l’ouvrage ». Un gage d’efficacité également pour les propriétaires de bâtiment, puisque cette démarche leur permet d’être plus efficaces sur la valorisation financière de leurs biens.
BIM systèmes
Utiliser la maquette numérique pour améliorer la compréhension des projets
« Notre retour d’expérience des processus BIM nous a permis d’évoluer vers de nouveaux usages avec les maquettes numériques, en particulier de développer des outils d’aide à la compréhension des projets. Notre approche est assez pragmatique : nous capitalisons sur ce que nous avons produit pour l’exploiter, nous nous demandons toujours quelle valeur ajoutée peut apporter la maquette BIM dans nos projets… », analyse Guillaume Segrettin, ingénieur systèmes chez setec its. A partir de la maquette numérique, nous pouvons faire des vidéos, destinées à nos clients, la décliner en supports de communication, en animations et réalité virtuelle.
Cela nous permet d’aider nos clients à bien comprendre les problématiques. « Parmi nos projets les plus aboutis en BIM systèmes, nous comptons par exemple le dépôt de bus qui a été réalisé pour Laval (Québec).
Sur ce projet, nous avons fait une étude de faisabilité à partir du nuage de points fourni par le client, nous en avons fait une vidéo de promotion interne et externe et fourni au client le projet en réalité virtuelle. Cela lui a aussi permis de mieux comprendre le projet et de se l’approprier très rapidement » souligne-t-il. Avant de poursuivre, « Nous bénéficions de la synergie dans le groupe et travaillons ainsi avec diadès (département « Capture »), cela nous permet d’acquérir les ouvrages et bâtiments existants ». « Je pense que la part du BIM dans les projets va devenir de plus en plus importante, y compris dans les projets systèmes, nous arrivons à maturité et nous insérons dans les processus BIM.
Il existe une véritable coordination entre les BIM managers du groupe, Notre BIM manager, Stéphane Delrue, a participé à une réflexion dans le cadre de nos labs de l’innovation, sur la gestion des données.
Cette approche est une force du groupe setec. Cela crée de l’émulation et nous permet de progresser en permanence. Nous sommes désormais en mesure d’extraire dans la maquette numérique, les données dont nous avons besoin, pour les exploiter » souligne Guillaume.
« Notre approche est assez pragmatique : nous capitalisons sur ce que nous avons produit pour en exploiter les données, en nous demandant toujours quelle valeur ajoutée peut apporter la maquette BIM dans nos projets », rapporte à nouveau Guillaume Segrettin.
Développer une modélisation complète du cycle de l’eau dans un SIG open source
L’exemple d’Hydra, par hydratec
Exemplaire en termes de contextualisation des données de modélisation hydraulique, le logiciel Hydra a été entièrement développé par les équipes d’hydratec, sous l’impulsion de Thierry Lepelletier.
Simon Olive, ingénieur hydratec, nous apporte son éclairage. « Hydra est un logiciel de modélisation hydraulique complètement intégré au SIG. Nous modélisons complètement nos modèles hydrauliques, qui servent à faire de l’assainissement (réseaux d’épuration) et des cartes d’inondation (rivières, eaux de surface), et les intégrons complètement dans les SIG : le tracé de la rivière, la plaine inondable, les ouvrages de protection. Ils sont représentés spatialement, avec leurs caractéristiques propres (les plages de maintenance…).
Cet outil est vraiment puissant, il va permettre à l’autorité en charge de la gestion de la zone inondable ou du réseau, aux collectivités publiques ou aux syndicats en charge du réseau, aux communautés de communes, d’utiliser ce modèle pour tout type de besoin.
Cela nous permet d’avoir une carte, dans laquelle toutes les données de chaque objet sont renseignées, le débit, les données hydrauliques, la vitesse d’écoulement… Ce qui est important pour développer un logiciel tel qu’Hydra, c’est de comprendre ce qui est pertinent pour les utilisateurs, et de savoir pour cela échanger avec eux. Je suis d’ailleurs ingénieur en environnement, ce qui me permet de bien identifier les besoins. Nous réalisons par exemple une étude sur la vulnérabilité de la Seine. L’objet de cette étude consiste à comprendre ce qu’il se passe pour les réseaux d’assainissement de Paris lorsque la Seine déborde.
Hydra nous fournit toutes les informations pertinentes, nécessaires à cette étude, avec des détails très précis et nous permet de réaliser des simulations en fonction des niveaux de la Seine et de la durée de la crue. Il est aujourd’hui tout à fait possible d’envisager de modéliser la smart city avec tous les réseaux d’eau gérés par Hydra. »