Depuis 2006, le Grand Prix National de l’Ingénierie (GPNI) récompense les ingénieurs qui conçoivent des solutions innovantes dans le domaine de l’industrie ou de la conception. Les équipes de setec ont eu l’honneur de remporter le GPNI promotion 2025 le 21 octobre dernier au Meet’Ingé pour la conception d’un projet d’envergure : la Gare Villejuif Gustave Roussy.
Un engagement de plus de 10 ans pour des collaborateurs setec issus de différentes sociétés, qui ont travaillé main dans la main à la réussite de ce projet d’envergure. Les équipes d’ingénierie ont ainsi passé 300 000 heures au total sur le projet et le suivi des travaux, soit l’équivalent de 130 années de travail d’ingénieur. Plus de 60 personnes se sont succédé sur ce projet, dont certaines depuis le premier jour en 2013 jusqu’à aujourd’hui. Nous avons rencontré Hervé Tourlet, Chef de projet pour setec tpi, Adeline Atramont, ingénieur setec tpi, société mandataire du projet, Jean-Pierre Nony, Directeur études, Camille Picq, chef de projet études et Juliette Marchal, Cheffe de projet études & travaux, tous les trois chez setec bâtiment, et Gilles Chapron de setec terrasol.
Un projet clé pour la mobilité en Île-de-France
Véritable pivot du développement de la mobilité décarbonée et du désenclavement des territoires en Île de France, le projet du Grand Paris Express a donné naissance à 4 nouvelles lignes. La Gare Gustave Roussy à Villejuif réunit ainsi les lignes 14 et 15 Sud, pour accueillir jusqu’à 100 000 voyageurs par jour. Elle connecte ainsi la ville, le parc des Hautes Bruyères et l’Institut Gustave Roussy, premier centre européen de recherche contre le cancer. setec et l’agence Dominique Perrault Architecte ont uni leurs savoir-faire pour livrer cet ouvrage emblématique du réseau métropolitain. Un projet qui n’était au départ pas sans contraintes ou défis à relever…
Des défis techniques et architecturaux relevés
Fruit de la collaboration entre setec et l’agence Dominique Perrault Architecture, la gare se distingue par son puits monumental de 63 mètres de diamètre et 50 mètres de profondeur, et ses quatre tunnels voutés abritant les quais des lignes 14 et 15. Pour surmonter les contraintes du site, les équipes ont imaginé des solutions innovantes : traversée du tunnelier L14 sur un pont, soutènements audacieux, supports inédits pour les escaliers mécaniques monumentaux et toiture à câbles transparente en ETFE. « Le parc des Hautes Bruyères est implanté sur une butte. Notre équipe a optimisé les tracés des lignes 14 et 15 pour, d’une part, les rendre perpendiculaires, et d’autre part, remonter au maximum le niveau des quais. », confie Hervé Tourlet, ingénieur chez setec tpi, chef du projet. « Nous avons ensuite dû mettre en place des solutions structurales ingénieuses »
La performance des systèmes de désenfumage de ce puits de 50 m de profondeur où circulent les usagers a été rigoureusement éprouvée en conception à l’aide de simulations numériques, garantissant leur efficacité en situation réelle.
« C’est une gare vraiment originale par ses dimensions hors normes, sa profondeur, et la multiplicité des sujets géotechniques traités pendant la conception et le suivi des travaux. » confie Gilles Chapron, de setec terrasol. « Les quatre cavernes creusées dans des argiles et marnes plastiques nous ont donné pas mal de fil à retordre, en particulier pendant la phase d’études d’exécution et leur suivi a été particulièrement intense pour notre chef de projet Anthony Bachelier. La conception du fût (coque provisoire en parois moulées fine et contre-coque en béton armé) est une idée réellement novatrice et, malgré sa complexité apparente, qui s’est avéré très performante et adaptée au contexte. »
Une gare bioclimatique, durable et à l’impact environnemental maîtrisé
Construire une gare de grande profondeur est un défi technique, architectural et fonctionnel.
La conception bioclimatique de la gare permet de réduire drastiquement les besoins en climatisation et ventilation, optimisant ainsi la consommation énergétique. La chaleur récupérée dans les locaux techniques sert au chauffage des espaces publics et commerciaux, illustrant une démarche vertueuse et respectueuse de l’environnement.
Adeline Atramont, ingénieure études et travaux chez setec tpi, réaffirme cette volonté de construire durable & responsable : « L’optimisation du soutènement du puits, la réduction des volumes excavés et l’utilisation de méthodes de soutènement légères ont permis de limiter l’empreinte carbone du projet. »
Sécurité et confort des usagers
La sécurité des voyageurs est assurée par des compartiments résistants au feu qui encapsulent les quais, limitant les besoins de désenfumage et offrant une protection immédiate en cas d’incendie. Les escaliers suspendus de 20 mètres facilitent la mobilité et garantissent une circulation fluide vers les commerces et le parvis.
Ce qui vous a le plus marqué sur ce projet
« La complexité de cet ouvrage qui mêle de façon unique les travaux souterrains lourds, l’ambition architecturale forte d’un bâtiment public, tout cela avec le caractère plus industriel de deux systèmes de métros différents ! » confie Hervé Tourlet.
Ce qui a le plus marqué Adeline Atramont « c’est la richesse des contributions apportées par chaque corps de métier. Les architectes ont profondément transformé le projet : ils sont passés d’une conception initiale avec des planchers pleins et des circulations verticales s’arrêtant à chaque étage à l’idée audacieuse d’un grand vide central traversé par des escaliers monumentaux. L’entreprise de construction a mis en place des cadences incroyables pour le creusement du puits, nécessaires pour tenir le jalon de passage du tunnelier de la ligne 14 et éviter tout retard sur cette ligne stratégique pour les Jeux Olympiques. »
Juliette Marchal retient quant à elle « le nombre d’acteurs et d’expertises qui ont participé à cette opération et contribué à son succès. »
« La somme d’idées et de compétences qui, additionnées, ont permis de venir à bout des difficultés en se mettant au service d’une idée architecturale sans concession à vocation emblématique. » conclue Gilles Chapron.
Que représente pour vous ce Grand Prix National de l’Ingénierie ?
Pour Hervé Tourlet, ce prix est « l’aboutissement du travail de toute une équipe, pleine de persévérance et d’ingéniosité avec des passages de relais réussis grâce à l’esprit de groupe setec. »
Jean-Pierre Nony de setec bâtiment le voit comme « la reconnaissance d’une réussite technique au service d’une ambition architecturale et de l’efficacité fonctionnelle de la gare. »
Enfin pour Gilles Chapron, cette récompense illustre sa « fierté d’avoir participé à la réalisation d’un ouvrage majeur, que j’ai moi-même l’occasion d’utiliser très souvent, constatant donc à ces occasions à quel point il est utile et transformatif pour la ville qu’il sert. »
Un projet qui allie expertise, durabilité et performance au service du développement urbain et de la mobilité de demain. Bravo à toutes les équipes mobilisées sur ce projet !
crédit photo : Anne-Claude Barbier