Nous avons rencontré Claire Vittoz, directrice de projets chez setec énergie environnement et Alexandre Bouvet, de setec hydratec pour en savoir plus.

Quels sont les grands principes de ce projet ?

Le projet repose sur une procédure très particulière de marché public initiée en 2014, le partenariat d’innovation. Ce cadre de coopération permet à des collectivités publiques de passer des marchés innovants avec plusieurs groupements et de retenir un ou plusieurs des prestataires à l’issue de la phase R&D pour construire et exploiter une unité pilote, puis une unité industrielle, sans avoir à relancer une consultation. Ce cadre met ainsi en compétition plusieurs groupements dans un cadre propice à l’émergence de solutions innovantes. Cométha se déroule en trois phases permettant de sélectionner les projets les plus prometteurs et de les mettre en œuvre.

En phase 1, quatre groupements réunissant des entreprises, des laboratoires de recherche et des start-up ont participé à la recherche en laboratoire. A l’issue de cette phase, deux groupements ont été sélectionnés pour poursuivre en phase 2, phase actuelle, au cours de laquelle seront construites et exploitées deux unités pilotes pendant un an. A l’issue de cette phase, les groupements remettront un avant-projet sommaire (APS) pour l’unité industrielle que les maîtres d’ouvrage analyseront conjointement aux résultats des essais de Phase 2 afin de confirmer ou non la poursuite du projet en Phase 3 (phase de construction de l’unité industrielle). Au total, il s’agit d’un processus qui prend une dizaine d’années.

Pour quelles raisons le Syctom et le SIAAP se sont-ils regroupés ?

Les deux types de déchets, solides et liquides, ont pour point commun une forte teneur en matière organique. Leur traitement commun offrait des perspectives et une synergie intéressante en termes de valorisation énergétique, avec la production de biogaz et de valorisation matière avec la récupération de nutriments (azote et phosphore). Ce regroupement offrait un véritable terrain d’expérimentation pour de nombreux procédés d’avenir dans le traitement des déchets et l’assainissement des eaux usées. A terme, en phase 3, Cométha permettra de proposer une offre énergétique renouvelable, locale et durable.

Quels sont les objectifs ?

Ce projet vise à optimiser la production de biométhane, au moyen de solutions technologiques innovantes et respectueuses de l’environnement. Parmi ses principaux modules technologiques figure la cométhanisation, dont le bilan énergétique et environnemental est supérieur à celui atteint dans le cadre de filières de traitement séparées. L’intégration de nouveaux procédés de traitements thermochimiques (pyrolyse, gazéification, méthanation) et associés à la cométhanisation vise également une optimisation de la production de biométhane, ainsi qu’une réduction des résidus ultimes. Un dernier objectif du projet concerne le recours à des technologies de récupération de l’azote et du phosphore contenus dans ces déchets organiques, pouvant ainsi fournir des engrais d’origine renouvelable en substitution d’engrais d’origine fossile.

Ce projet permet-il de réduire les émissions de carbone ?

La production de biométhane renouvelable permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre liées au transport du gaz naturel fossile. Par ailleurs, cela permet de réduire notre dépendance à une ressource énergétique non renouvelable et de concourir à un objectif que l’ADEME juge faisable à savoir atteindre un système gazier en 2050 basé à 100% sur du gaz renouvelable. Il est aussi possible d’imaginer qu’un jour, que ce biométhane pourra être utilisé comme carburant de véhicule, ce qui permettra de réduire les émissions de carbone en remplaçant des énergies fossiles qui ont un gros impact carbone.

Quels sont les rôles de setec énergie environnement et de setec hydratec dans ce projet ?

Nous sommes un groupement d’Assistance à Maîtrise d’Ouvrage. Setec énergie environnement est mandataire en co-traitance avec setec hydratec. Nous apportons ainsi une double compétence technique, sur le traitement des déchets et des eaux usées.

Setec assure la direction de projet et un appui technique sur les sujets méthanisation des déchets, traitements thermochimiques et récupération d’énergie, setec hydratec intervient sur les aspects méthanisation des boues, prétraitement des déchets et récupération des nutriments. Notre mission comprend notamment le suivi et la validation des essais en laboratoire, le pilotage et l’organisation de réunions techniques, la validation d’études et le suivi des travaux des pilotes sur les sites du SIAAP. Notre accompagnement est également transversal en associant les compétences d’autres AMO sur les thématiques juridiques (innovation également contractuelle) et concertation et propriété industrielle.

Quel est l’intérêt de la récupération des nutriments ?

La majeure partie du phosphore utilisé dans l’agriculture aujourd’hui est d’origine fossile et concentré principalement dans des mines en Afrique du Nord. Cette activité minière est émettrice en gaz à effet de serre, sans oublier les émissions liées au transport. Par ailleurs, ces gisements ne sont pas renouvelables et s’amenuisent.

Le phosphore est indispensable à l’agriculture pour assurer la croissance des végétaux. Ce phosphore est présent dans nos déchets, mais il est peu recyclé, hormis en partie via l’épandage des boues d’épuration pour lesquelles la valorisation agricole est autorisée. Les critères pour l’épandage des boues d’épuration sont cependant de plus en plus contraignants. La récupération de ce type de nutriments mais également de l’azote fait donc partie des enjeux essentiels du projet. ​