Setec énergie environnement a été retenu pour la maîtrise d’œuvre générale d’un nouveau centre de tri de déchets ménagers « Sud Isère », dans le cadre d’un groupement, dont Dalkia Wastenergy (filiale d’EDF) est mandataire, avec DHA Architectes, l’équipementier Bollegraaf et le groupe Artelia. Avec une approche globale, permettant de concevoir le bâtiment et les process industriels dès la phase études, et combinant les équipements complexes d’un centre de tri au BIM bâtiment, les équipes de setec énergie environnement ont réussi à faire part d’innovation  auprès du maître d’ouvrage pour construire une solution adaptée à la fonctionnalité du projet.

Charles Cantogrel, directeur de l’établissement de Lille et référent expert pour les centres de tri et de valorisation matière de déchets, nous explique les tenants et aboutissants de cette activité en forte croissance dans le groupe setec.

Quelques mots sur ce nouveau projet ? Il s’agit de la création d’une installation plus moderne et adaptée aux enjeux actuels de traitement des déchets. C’est un beau dossier pour setec énergie environnement, intégrant à la fois la conception, la réalisation et l’ingénierie de l’exploitation du centre de tri, dont la phase de consultation a duré un peu plus d’un an.

Ce marché est également très stimulant pour toute l’équipe, à la fois parce qu’il s’agit d’apporter des solutions face à des problématiques environnementales actuelles dans une démarche d’économie circulaire, et également parce qu’il nous ouvre de belles perspectives de développement pour la suite.

 

 

Quelle est la tendance actuelle en matière de centres de tri ? Historiquement, les centres de tri se sont développés sans réelle coordination à l’échelle nationale. Aujourd’hui, la tendance, poussée par Citeo et l’Ademe, est de développer des centres de taille plus importante. Une tendance qui nous permet d’améliorer la technicité des projets et de les faire évoluer. Avec la prise de conscience des enjeux environnementaux, les collectes ont tendance à évoluer :  la part du papier a tendance à diminuer du fait de la digitalisation. Cette part est notamment compensée par l’augmentation du carton liée à l’augmentation des commandes en lignes. Les centres de tri évoluent très vite : une nouvelle génération tous les 7 à 10 ans environ. Et l’évolution technologique est au cœur de cette tendance.

Après les premiers centres de tri manuels, nous arrivons aujourd’hui sur des centres faisant appel à des technologies de séparation granulométrique, densimétrique, magnétique, aéraulique, optique (UV, IR) et même robotique depuis très récemment. Vous avez remporté récemment plusieurs marchés de centres de tri de déchets. Quelle est la valeur ajoutée de setec énergie environnement sur ce marché ? Le centre de tri de déchets fait partie du cœur de métier historique de setec énergie environnement.  Nous nous positionnons depuis longtemps sur ce marché. Cette niche, à la croisée des chemins du marché public et de l’installation industrielle de haute technicité, associe à la fois une grande composante « bâtiment » et une composante « procédés ». Il a fallu faire converger ces deux approches. Nous avons notamment intégré l’approche BIM bâtiment d’une part, à l’approche procédés industriels 3D d’autre part, ce qui a tout de suite plu aux maîtres d’ouvrage. Cela leur permet, dès la phase amont, de visualiser le projet et de s’assurer que les procédés très complexes du centre de tri, vont pouvoir s’insérer dans le bâtiment. Nous arrivons ainsi à une optimisation (spatiale et économique) entre les procédés industriels et les ouvrages bâtis. Cela permet au maître d’ouvrage de s’approprier le projet beaucoup plus facilement.

C’est une approche très différenciante de la part de setec énergie environnement, que nous intégrons dès la phase études. Nous avons à la fois cette compétence bâtiment très forte, historique dans le groupe et la compétence métier de l’industrie et de la technologie de tri. La possibilité d’adapter le bâtiment au process et inversement représente une véritable plus-value pour nos maîtres d’ouvrage, et permet de trouver de l’agilité dans la réalisation des projets. Quelle est la difficulté à faire converger le BIM bâtiment et les procédés industriels ? Ce sont deux branches de la modélisation qui ont évalué de manière parallèle. Les logiciels ne communiquent pas forcément entre eux, ce sont des métiers de projeteurs différents, avec des compétences différentes.

En quoi votre approche est-elle unique ?

Depuis de nombreuses années, chez setec énergie environnement, nous avons eu l’opportunité de mettre en œuvre la convergence et la transversalité entre les métiers, les projeteurs, les logiciels, ce qui est assez unique. Ceci nous permet aujourd’hui de mettre en musique un projet à la fois bâtimentaire et industriel, dans une nouvelle solution globale. Par ailleurs, le fait d’avoir des interlocuteurs qui peuvent parler autant des problématiques de procédés industriels que de bâtiment permet d’avoir une vraie vision d’ensemble du projet et est véritablement perçu comme une grande force par nos clients. Cela nous permet aussi de définir les données pour le fonctionnement et l’exploitation de l’outil et ainsi d’avoir une approche intégrée conception-réalisation-exploitation.

Comment allez-vous procéder sur ce projet, par exemple ?

Un exemple pragmatique : Nous allons récupérer à la fois la modélisation 3D des process, la modélisation 3D architecturale, la modélisation BIM de certains lots techniques et les intégrer dans une sorte de super BIM, qui fera la synthèse de tout cela. Nous aurons ainsi une vision d’ensemble et un vrai rôle de coordination, de synthèse et d’expertise pour arbitrer dans les choix qui seront faits entre  les contraintes inhérentes au process et celles inhérentes aux ouvrages.

Selon vous, quelle est l’étape d’après ?

Nous pouvons aller vers une convergence encore plus grande entre la modélisation 3D d’un procédé industriel, la supervision, le contrôle commande des procédés et le BIM bâtiment, pour les regrouper sous une seule méthodologie globale. Nous pourrions ainsi proposer un seul modèle BIM de synthèse process et bâtiment, sur lequel nous pourrions intégrer la surcouche de data nécessaire au pilotage de l’unité industrielle. Cela nous permettrait d’avoir un « hyperviseur », afin de piloter à la fois les procédés industriels et le bâtiment ensemble pour de véritables gains d’optimisation énergétique par exemple.

La finalité d’un tel hyperviseur serait de créer un jumeau numérique de l’usine, sur lequel nous pourrions expérimenter. Nous commençons à voir apparaitre ces enjeux dans certains appels d’offres.  L’objectif serait également de pouvoir porter des projets industriels de façon encore plus transverse dans le groupe.  Cette compétence pourrait être intégrée dans de nouveaux projets nécessitant d’appréhender à la fois la complexité du bâtiment et des process qui y prennent place.