Ce grand projet européen, partant de Compiègne, au sud, et se terminant à Auben-cheul-au-Bac près de Cambrai dans le Nord, de 107km de longueur, contribuera au développement des filières industrielles et agricoles locales et à l’aménagement des territoires. La Société du Canal Seine Nord Europe, établissement public rassemblant l’Etat, les collectivités qui financent le projet (Région Hauts de France, Île-de-France, Départements du Nord, du Pas de Calais, de l’Oise et de la Somme) en assure la maîtrise d’ouvrage depuis 2017. Les équipes setec ont été intégrées au projet dès 2015, en tant qu’assistant à maîtrise d’ouvrage, setec organisation en tant que mandataire avec setec international, setec tpi et setec hydratec pour co-traitants. terrasol, setec its, setec als et setec énergie environnement interviennent également sur le projet.

Pour le groupe setec, il s’agit d’une AMO à forte composante technique, portant sur plusieurs expertises, terrassement, ouvrages d’art, hydraulique, environnement, géotechnique, système… C’est aussi une AMO générale, de conseil et de gestion de projet, avec des outils de suivi, de coûts, de délais, de risques et d’interfaces. Une équipe permanente est composée d’une trentaine de personnes. Le projet est organisé en fonction des secteurs géographiques, avec un pôle technique transverse et un pôle gestion de projet. Le projet a été divisé en 4 secteurs géographiques. Le premier secteur (18km) qui consiste principalement en un réaménagement de l’Oise et du canal latéral à l’Oise a obtenu son autorisation environnementale le 9 avril 2021.

La demande d’autorisation environnementale pour les secteurs 2, 3 et 4, consistant en 89km de nouveau canal, sera déposée début 2022. Le projet comporte un bassin réservoir, le barrage de Louette, de 40m de hauteur et d’une capacité de 14 millions de m3, essentiel pour alimenter le canal en eau en période d’étiage. Depuis son lancement, près d’une centaine de collaborateurs du groupe ont participé à ce projet. Il était impossible de tous les citer mais nous avons rencontré quelques acteurs du projet pour en décrypter les principaux enjeux.

   Jérôme Dezobry, Président du directoire de la société du Canal Seine-Nord Europe « Le Canal Seine-Nord Europe contient de nombreux défis techniques et de conduite de projet. Projet européen au cœur du réseau Seine Escaut, il fait l’objet d’un suivi rigoureux et d’une ambition environnementale et économique forte, ambition portée par le Conseil de surveillance de la SCSNE, maître d’ouvrage. Le conseil de surveillance veille ainsi tout particulièrement à l’intégration du projet dans les territoires, la maîtrise des coûts et l’innovation.

Le travail quotidien entre les équipes de la SCSNE et de setec, permettant de conjuguer leurs expertises et leurs expériences, est un élément essentiel pour relever ces défis et répondre aux attentes du conseil de surveillance. setec apporte une expertise déterminante en termes de conduite de projet et de partage de connaissances hydrauliques, environnementales et en ouvrage d’art ».

Stéphanie Blanc, Directrice du projet Quel est l’intérêt économique et écologique d’un tel canal ? Les études socio-économiques réalisées par setec démontrent l’intérêt de ce projet. L’idée consiste à renforcer le lien fluvial entre le bassin parisien et le réseau de canaux du Nord de l’Europe en accroissant très fortement la capacité de trafic de la voie d’eau. C’est un maillon essentiel pour reporter le trafic de camions de l’autoroute A1 vers le canal. Le Canal Seine-Nord Europe, c’est la perspective de 760 000 camions en moins sur les routes par an. En 2040, il fera transiter 15 millions de tonnes de marchandises par an, avec une prévision de 70 % de report du trafic venant de la route. Le report modal de la route vers la voie d’eau permettra une diminution importante des émissions de CO2. Quels sont les grands défis actuels et à venir ?

Nous sommes en train de concevoir une infrastructure qui n’a pas été construite depuis très longtemps ! C’est un beau projet d’ingénierie, multi-thématiques et multi-sociétés. Nous faisons dialoguer toutes les expertises et compétences. Il y a de nombreux intervenants et d’interfaces à traiter sur un périmètre géographique étendu. Nous faisons face à un challenge de consolidation, de planification et de cohérence d’ensemble.

Louis Vives, Directeur adjoint « Je suis intégré au pôle technique du projet depuis 2015. Aujourd’hui je supervise l’ensemble des problématiques techniques ou liées aux aspects réglementaires. Le canal est classé en barrage, les aspects sécurité hydraulique sont donc très importants, avec des procédures spécifiques. L’ampleur du projet et les spécificités du CSNE nécessitent un dialogue continu avec les services de la DREAL Hauts-de-France, des DDT et avec la Direction Générale de la Prévention des Risques du Ministère de la Transition Ecologique. Nous avons une mission d’AMO technique sur cet ouvrage et apportons les nombreuses expertises dans le groupe setec pour répondre à ces besoins.

Le CSNE présente, outre ses dimensions hors normes, des objets emblématiques tels que le pont-canal de la Somme, ouvrage de 1300m de long, ou encore des écluses de gabarit exceptionnel avec des hauteurs de chute pouvant atteindre 25m. Autre spécificité, le canal est fortement ancré dans le territoire, avec le projet de développement de quatre ports intérieurs, et une véritable volonté de faire bénéficier le territoire des opportunités du chantier. Enfin, les aménagements environnementaux sont intégrés à la conception.

Les enjeux liés à l’eau et à ses échanges avec le milieu environnant enrichissent encore davantage le projet. Ce projet est au cœur du projet européen Seine-Escaut et aura de fortes retombées sur les territoires. L’AMO-COP participe à l’optimisation d’ouvrages exceptionnels tant sur le plan du génie civil que de leur fonctionnement hydraulique : le remplissage ou la vidange des sas des grandes écluses, d’un volume de plus de 60 000m3, sera réalisé en moins de 15mn, soit l’équivalent d’une piscine olympique vidée en moins de 40 secondes. A noter que 2/3 du volume de ces grandes écluses sera économisé grâce aux bassins d’épargne ».

Vincent Petit, Responsable pont canal de la Somme « Je travaille habituellement sur des projets de maîtrise d’œuvre, il s’agit de mon premier projet d’AMO technique. Je suis responsable d’un ouvrage emblématique du projet, le franchissement de la Somme par le Canal. C’est un ouvrage exceptionnel, de 1300 mètres de long, c’est également le seul marché faisant l’objet d’une conception-réalisation. Nous devons donc mener des études techniques préalables afin de cadrer les données et les exigences du maître d’ouvrage. Le groupement de conception-réalisation sera choisi à l’issue d’un appel d’offres. Ce fonctionnement permettra à l’ingénierie de travailler avec le groupement pour rendre une offre commune. En tant qu’AMO, nous devons donc maîtriser toutes les données de l’ouvrage, géotechniques, topographiques, les exigences des ouvrages existants, des futurs exploitants, les exigences environnementales, les interfaces, les problématiques d’accès, de sécurité des ouvrages… Tout doit être acquis et cadré avant l’appel d’offres. Nous réalisons un grand nombre d’études, de cadrages des hypothèses, de prospection, de concertation et d’acquisition de données. Nous recueillons également le retour d’expérience de nos partenaires allemands, belges et néerlandais sur des ouvrages similaires. C’est un projet très enrichissant qui demande de s’intéresser à de nombreuses problématiques. Il y a de fortes attentes liées à ce pont-canal emblématique, qui sera également un lieu de promenade. »

Rémi Stamegna, Responsable du pôle gestion et management de projet « Depuis 2005 dans le groupe setec, j’ai d’abord travaillé sur des missions de gestion de projet, sur des projets urbains et de bâtiments, puis je me suis orienté vers des missions de conduite d’opérations, plus ensemblières, dans les transports urbains et les infrastructures linéaires. J’ai rejoint l’équipe CSNE fin 2019 et je gère actuellement une équipe de 5 personnes dont la mission est d’assurer tous les pans de la gestion de projet : gestion des coûts, des délais, des risques et des interfaces, grâce à de nombreux outils de suivi et de reporting. Cette équipe est transverse, les collaborateurs sont affectés à des secteurs et j’interviens en coordination et en synthèse. Ces enjeux de coûts et de délais sont cruciaux pour le maître d’ouvrage et donc regardés de très près. Il s’agit d’un méga projet très stimulant à mes yeux-, français mais très suivi par l’Europe, pour qui nous devons produire des éléments de prévision et de reporting, ce qui est assez singulier. Nous avons un calendrier et un budget très ambitieux à gérer. Nous avons mis en place une approche innovante, probabiliste, du planning et des coûts, fondée sur une analyse des risques, qui nous permet de fiabiliser la planification budgétaire du projet vis-à-vis des financeurs, notamment l’Europe. »

     Chiffres clés

  • Longueur : 107 km
  • Largeur : 54 m
  • Profondeur : 4,5 m
  • 3 ponts-canaux, dont 1 ouvrage de 1,3 km franchissant la Somme (le plus long d’Europe)
  • 60 ponts routiers et ferroviaires
  • 7 écluses
  • 1 retenue d’eau de 14M de m3 au nord de Péronne
  • 700 ha de plantations et d’aménagements environnementaux
  • Coût prévisionnel du projet : 25 km de berges lagunées 5,1 Md d’euro

Un cofinancement de l’Union européenne de 40 % des coûts des travaux éligibles et 50 % des coûts des études, grâce à l’adoption par la Commission européenne de “l’Implementing Act” le 2 juillet 2019.